Édition du jeudi 16 juin 2016
496 communes supplémentaires reconnues en état de catastrophe naturelle
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Mardi, lors de la séance des questions au gouvernement, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, l’avait promis : une liste complémentaire de communes allait être prise en compte par le gouvernement. Il répondait à la détresse exprimée par le député du Pas-de-Calais Jean-Jacques Cottel, qui a constaté dans tout son département « les dégâts impressionnants, la désolation parmi les citoyens choqués et abattus, les centaines de maisons envahies, les bâtiments publics emportés ». Jean-Jacques Cottel a rendu hommage aux « agents publics locaux », et exprimé l’attente des communes que « l’État exprime sa solidarité et leur vienne en aide ». Le Nord et le Pas-de-Calais, durement frappés par les inondations, étaient en effet totalement absents de la première vague de reconnaissance en état de catastrophe naturelle.
« Les instructions que le Premier ministre et moi-même avons données aux préfets sont très claires », a répondu le ministre de l’Intérieur. « Tous les dossiers qui permettent de déclencher le dispositif catastrophe naturelle doivent remonter très rapidement des territoires, notamment du Nord où les dégâts sont importants, pour que les remboursements interviennent vite et que la vie normale puisse reprendre son cours. » Les dossiers arrivés dans la semaine ont donc été examinés en urgence, ce qui a donné lieu à la liste complémentaire publiée ce matin. Il est à noter que les services de l’État semblent en revanche avoir été plus sévères que la semaine passée : sur 867 dossiers, 862 avaient été retenus lors de la « première vague ». Cette fois, alors que Bernard Cazeneuve a fait état de « 732 dossiers » examinés, seuls 496 ont été retenus.
Cette nouvelle liste concerne 24 départements, allant de l’Alsace à la Normandie en passant par le Nord, la Bourgogne, le Centre et la région parisienne. C’est le Pas-de-Calais qui voit le plus grand nombre de communes reconnues dans cette seconde liste(62), suivi des Yvelines (54), de la Seine-et-Marne (46) et de l’Indre (40). En considérant le total des deux vagues, on arrive à des chiffres impressionnants sur certains départements, comme dans le Loiret où 269 communes ont été touchées.
On ne peut aujourd’hui que faire le même constat qu’après la publication de la première liste (lire Maire info du 9 juin) : le décalage est frappant entre le nombre de communes touchées et le nombre de celles qui sont couvertes par un PPRI (Plan de prévention des risques d’inondation). Dans cette deuxième vague, la majorité des communes touchées (278, soit 56 %) n’étaient pas couvertes par un PPRI.
André Flajolet, maire de Saint-Venant (Pas-de-Calais) et président de la commission Développement durable de l’AMF, déplore ce matin dans Maire info cette situation, estimant que la France manque cruellement « d’une capacité à développer la culture de la prévention ». « Trop souvent, on gère à court terme, et à un moment on en paye l’addition. La loi de 1992, qui instaure les schémas d’aménagement et de gestion de l’eau, reste à mon sens dramatiquement non opérationnelle. »
De même, André Flajolet critique la règle – encore rappelée par le gouvernement dans le nouvel arrêté de ce matin – qui veut que les franchises sont majorées lorsqu’une commune n’a pas de PPRI et subit une catastrophe pour la troisième ou la quatrième fois. « Plutôt que de rappeler l’État et les élus à leurs obligations, et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur, on punit les citoyens qui n’y sont pour rien. Le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas très correct. »
Franck Lemarc
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